Le Luisin – Arête NE
Le Luisin ! Depuis le temps que j’en entends parler. Entre la descente épique de nuit et dans la neige de David et Yannick, et la chute de 200m qui a failli coûter la vie à Guillaume quand il est parti faire le pilier de la canicule…
Autant dire que ces anecdotes ne me donnaient pas franchement envie de faire la traversée de cette montagne. Mais Guillaume avait une revanche à prendre, moi de la cellulite à perdre et une condition physique à retrouver…
Et puis, il nous fallait une course réalisable à la journée, à notre niveau de difficultés. Et oui, sans guide, c’est tout de suite une autre histoire (c’est mon côté imposteur qui dit ça, puisque c’est évidemment Guillaume qui a été en tête durant toute la course…)
Nous partons donc jusqu’à la Creusaz, en voiture. De là, forcément, on commence faux. Guillaume s’aperçoit vite qu’on est sur le mauvais chemin et nous bifurquons dans un talus bien pentu et rempli de racines et autres flore glissante. Ah la joie des molets qui chauffent et des tempes qui transpirent. On rejoint le chemin et de là il y a environ 1h30 d’approche. On croise plein de bouquetins, c’est franchement beau et bien rocailleux.
On arrive au col sans souci. Dès qu’on l’atteint, il y a beaucoup de vent. Il fait tout de suite froid et j’angoisse un peu, s’il souffle autant lors de la traversée, ça va être moyennement serein tout ça… Mais on décide de continuer et d’aller au pied des difficultés. Dès qu’on passe sur l’autre versant, le vent s’estompe.
On s’encorde et Guillaume commence à grimper. A part les Perrons qu’on a refait les 2 il y a peu (et qui s’apparente plus à de la marche finalement…), je n’ai plus vraiment grimper. Et avec mes novelles chaussures de montagne, il me faut un temps d’adaptation. Mais je me débrouille et j’avance. On fait pas mal en corde tendue et j’avoue qu’après 2 semaines à devoir garder notre petit, je suis bien contente d’être en montagne…
On atteint rapidement le premier sommet, puis un replat d’où nous faisons une pause. On se croirait dans Lost, il y a des installations de gaz. J’ai connu plus authentique, mais les nuages sont là et donnent un côté assez surnaturel à tout ça.
On voit la croix du sommet, qui ne paraît pas loin. Ouais mais ça, c’est toujours la grande arnaque, le « regarde, le sommet a l’air proche ». On continue donc notre petite course, jusqu’au premier rappel, puis au 2e. Il y a de jolis passages de grimpe, variés, c’est tout chouette.
Au 2e rappel, il y a 2 options : faire un rappel (sans blague) ou désescalader. J’opte pour le rappel. Tout va bien jusqu’à ce que je rejoigne Guillaume au relai. Au moment de tirer sur la corde… elle se coince. On tire les 2 dessus comme des débiles mais il faut se rendre à l’évidence : elle est coincée. De chez coincée. Bien entendu, pas de cordée derrière nous. Que faire ? Appeler l’hélico ? (c’est ma première proposition. Surtout quand je vois Guillaume repartir sans pouvoir s’assurer…). Au bout de quelques minutes (où Guillaume décompense un peu et me gueule dessus – mais je crois que ça lui fait du bien !), il reprend le dessus et remonte de quelques mètres avec son machard. Il arrive à décoincer la corde (oui ce type est mon héro. Sauf quand il ronfle la nuit après avoir bu trop de vin blanc) et après ces belles frayeurs, nous repartons, sans hélico.
Le sommet n’est plus très loin. Il y a 2 rasoirs à passer, qui sont relativement faciles (oui parce qu’on peut bien placer les pieds et s’aider des mains !) et un pas de dalle qui me vaut quelques petites palpitation et un bon tirage sur la dégaine (je brûlerai en enfer, je sais).
Nous arrivons au sommet en début d’après-midi, après moins de 4h sur l’arête. Et sans exploser l’horaire ! On est seuls au sommet, c’est beau… on voit le Cervin au loin, le Weisshorn, la Dent Blanche… ça rappelle plein de souvenirs…
J’appréhende la descente et je fais bien. Il faut être concentré ! C’est un alignement d’échelles, de chaînes, et un faux pas est interdit. Surtout, c’est long. Je sais pas pourquoi ces descentes sont toujours aussi interminables. Ce n’est que 1000m après tout, mais j’ai l’impression qu’on n’avance pas….
Pour nous, au lieu des 1h30 indiqués, ce sera 2h. Heureusement que la perspective du Rivella en terrasse me fait avancer ! (et accessoirement, le fait de tenir un horaire décent pour aller chercher notre fils chez les grands-parents !)
Au final : une bien jolie course ! Variée, pas trop longue, avec un très beau panorama. Et surtout, une chance de pouvoir faire ça en amoureux, même si cette notion est toute relative quand la corde coince au rappel
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