Aiguille d’Orny – arête S (voie Moquette)
9 longueurs entre le 4c et le 5b+ pour cette belle arête S de l’aguille d’Orny rééquipée en 2016
Je crois qu’on n’a jamais eu un mois de juillet aussi prolifique. Des grands-parents et une crèche bien sympa pour nous garder le fiston, des conditions météo favorables, des jobs nous permettant de prendre congé en semaine… Evidemment, on doit s’adapter un peu et notamment faire au max des courses à la journée. En tant qu’insomniaque notoire de cabanes de montagne, ça ne me déplaît pas tant que ça. Mais entre la Dents des Rosses, Dri Horlini, Nessie à Mauvoisin ou le Jegihorn, on a eu un chouette début d’été. On ne sait pas de quoi la suite sera faite, et on ne tiendra sans doute pas ce rythme, mais on est déjà bien contents de ces chouettes souvenirs (sans explosage d’horaire en plus pour le moment !)
L’arête sud de l’aiguille d’Orny était sur la liste de Guillaume depuis un moment. En général, elle se fait sur 2 jours, avec une nuit en cabane à Orny, mais on a une idée pour la faire à la journée et ainsi ne pas être tributaire du dernier télésiège (à 16h15, les ingrats!) : monter les bikes en télésiège et redescendre quand on veut, en s’économisant 2h de descente supplémentaire à pied. Ma copine Sandrine m’assure que ça fonctionne. J’appelle le télésiège pour m’assurer que les e-bikes peuvent être montés en télésiège. “Pas de problème”, me répond-on.
La journée ne commence pas très bien. On arrive à Champex à 8h, pour viser le premier télésiège. Il y a un bon brouillard qui nous accueille. Et une dame à la caisse du télésiège qui est aussi aimable que moi au réveil après une nuit blanche en cabane. Elle nous dit que non, ce n’est pas possible de les monter, que c’est trop lourd, blablabla. Bon finalement elle cède, c’était moins une pour que la journée soit grillée.
Arrivés en-haut des télésièges, ce n’est plus du brouillard mais de la purée de pois, une bruine super humide, on ne voit pas à 2 mètres et plus inquiétant, le sol est détrempé…. C’est joli toutes ces petites gouttes qui perlent sur les herbes, et en regardant Guillaume marcher devant j’ai l’impression de voir un Zombie dans Walking Dead. Ambiance fin du monde. Bon. Avançons un bout, on verra bien.
Guillaume fait son défaitiste et se demande si on ne devrait pas sauver la journée et trouver un plan B. Je propose les röstis à Orny en plan B; ça le convainc moyen (pourtant des röstis c’est toujours un fantastique plan B non?). Je propose d’aller au pied de la voie; peut-être que le brouillard se dissipera, peut-être qu’il y aura un peu de soleil, juste assez de vent pour sécher le rocher…
Dès qu’on passe le versant et qu’on commence à monter, le ciel se dégage comme par magie. Le glacier est majestueux, c’est un enchantement. Et dire que 20 minutes avant on hésitait à rebrousser chemin. ça va peut-être le faire, finalement !
Après 2h de montée, on arrive à Orny, on fait une mini pause et on continue direction Trient pour rejoindre le pied de la voie. Bon…. on se trompe en prenant la sente qui sert d’habitude à la descente, mais on y arrive tout de même. Je devine un “MO” dessiné sur la voie, pas de doute on est au bon endroit. Je ne comprends pas pourquoi cette voie s’appelle Moquette. Apparemment il y avait un carré de moquette par là…. Enfin bref, le nom ne rend pas vraiment compte de l’esthétisme de la voie je trouve.
C’est parti pour 9 longueurs entre du 4b et 5b, rééquipées en 2016. Le rocher est sec, le ciel est bleu, on est seuls au monde, la journée va être sympa (maintenant que la marche d’approche est derrière ;-))
On met les chaussons, et Guillaume se lance dans la première longueur, cotée 4c. Je l’entends dire “ah ben y a pas tant de prise là”, et c’est que le prénom. Parce que quand j’y suis… je galère. Déjà que les premières longueurs chez moi c’est toujours une catastrophe; faut s’habituer au rocher, trouver ses repères, dire à son cerveau que les pieds vont tenir, mais alors là, je suis complètement décontenancée et j’arrive pas à faire ce petit pas sans aucune prise pour les mains et avec une dégaine placée bien trop haut pour tirer dessus. Mazette, si la première longueur en 4c me donne tant de fil à retorde, comment je vais gérer les suivantes moi? Guillaume me propose de tirer sur la corde pour me remonter (pour une fois qu’il m’encourage à tricher, je vais pas me faire prier!) et je me hisse donc de quelques maudits centimètres comme je peux.
Bon…. oublions cette première longueur. CTRL alt delete, on repart sur de nouvelles bases.
La longueur suivante est en 4b, tout facile, mais ça grimpe quand même bien. D’ailleurs, dans toutes les longueurs en 4, j’arrête pas de me dire “putain mais c’est jamais du 4” et je crois qu’au lieu de la nommer “moquette”, j’aurais nommé cette voie “c’est jamais du 4” , ça m’aurait plus inspiré je crois. Mais bref.
La longueur suivante est en 5b. Je vois déjà ma vie défiler devant moi. Après la remontée sans jumar, qu’est-ce qui m’attend? Guillaume prend le crux à droite et je vois que c’est pas simple pour lui, alors qu’il a un super niveau de grimpe. Moi je me décide à prendre à gauche et ça passe mieux, je galère moins que dans le 4c. Allez comprendre.
Le soleil est là, il fait bon, on est franchement bien ici, et même si le rocher m’a un peu surprise au début, là je commence à prendre bien du plaisir. C’est parfois assez raide, gazeux, il y a une belle ambiance et le panorama est grandiose. La cabane et le glacier en contrebas, le Grand Combin au fond, et les Aiguilles dorées de l’autre côté.
Les 2 longueurs suivantes sont encore dans du 4, mais je suis bien contente d’avoir mes chaussons; les pas sont fins, les mouvements jolis (oui enfin du moins quand je regarde Guillaume; moi c’est une autre histoire), c’est assez raide, bien gazeux par moment et franchement chouette.
Il y a ensuite une transition à faire en corde tendue, bon on monte trop (on rejoint le sentier de descente) et on revient sur nos pas; la longueur suivante, la L7 est magnifique.
J’ai l’impression que plus les longueurs défilent, plus la grimpe est chouette, et ça finit en apothéose pour la dernière longueur, super classe.
Bon je fais tout en second donc ce serait présomptueux de dire que c’est bien équipé… mais je crois que c’est le cas ;-). C’est un vrai plaisir que d’évoluer dans un cadre pareil. Trient, Aiguilles dorées, Grand Combin… sans la pression du télésiège (bon on doit quand même être à Vevey à 18h30 max), beau mais pas trop chaud, au soleil, seuls au monde! On arrive au sommet après 2h30 de grimpe, on se boit un petit Rivella et on file dans le rappel qui nous amène sur le sentier de descente.
Le rappel est bien raide (note pour Sandrine: ça va quand même aller tu verras!), j’adopte mon fameux principe salvateur du “courage fuyons” et suis contente d’arriver à la hauteur de Guillaume après une vingtaine de mètres. Nous gardons la corde pour la descente. Je ne suis jamais très à l’aise sur ce genre de terrain et j’ai pas forcément envie de mourir là; pis ça fait ça de moins à porter… La descente n’est pas si horrible que ça en fait (je crois qu’après la Dent de Morcles et le Bietschhorn plus rien ne me fait peur) et en une heure on est de retour à la cabane d’Orny. Le temps d’acheter 2 rivellas et cakes aux pommes (histoire de ne jamais oublier le principe fondamental qui dicte ma vie et mes pas: la bouffe) et on descend vers la Breya. Une heure après, le télésiège est fermé mais on s’en tape car on a eu cette merveilleuse idée de monter les vélos. C’est donc une descente en VTT vers le Val d’Arpette qui nous ramène à la voiture. Sérieux, même dans les films les happy ends sont pas si chouettes!
Le mot de la fin ? Vive les approches à la Walking Dead, le ciel qui se dégage, le Rivella et le bisou au sommet et la descente en VTT. Vive les montagnes, vive ce mois de juillet d’hyperactifs, et vivement les prochaines sorties !
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