La Maya – Face W
Après des semaines de pluie qui nous ont fait croire qu’on était en novembre plutôt qu’en plein été, le soleil est enfin de retour, et à la motivation qui va avec aussi !
On a une petite journée devant nous et on décide de faire quelque chose de facile, joli et varié : la Maya par sa face ouest.
On commence par se rendre dans le plus bel endroit du monde qu’est le Val d’Hérens. On se parque en-dessus de Suen, et on enfourche les vélos pour raccourcir l’approche, pas toute courte. Une petite route forestière nous amène à l’alpage de Lovégno. Il y a les vaches, le ciel bleu, les Dents de Vesivi plâtrées, bref niveau carte postale c’est difficile de faire mieux. On démarre la marche, qui nous fait passer par des valons bucoliques aux effluves de rhododendrons, c’est franchement féérique et on ne croise quasiment personne… Merci aux offices de promotion du coin, continuez à inviter vos influenceuses lifestile à s’entasser au Lac Bleu pour se prendre en selfie, ça nous laisse plein d’endroits sauvages à découvrir !
L’imposante Maya se dresse fièrement devant nous, ce sommet qui semble composé de piles de rochers imposants, comme posés les uns sur les autres, est vraiment magnifique, et vu la raideur, j’ai de la peine à croire qu’on va grimper là-dessus… Mais bon, paraît que c’est toujours plus impressionnant vu du dessous, alors bon…
Arrivés au col de Lovegno, les nuages s’invitent, on est forcément un peu déçus, mais :
- de 1, ça ne nous change pas d’ambiance du mois de novembre qu’on a vécu les dernières semaines
- de 2, ça donne un côté mystique assez surréaliste et c’est vraiment, mais alors vraiment beau.
On longe ensuite la Maya via une sente bien marquée, et on remarque déjà dans la Face N que c’est bien humide…
On arrive au pied de la voie, qui se compose de 4 petites longueurs. Nos pressentiments se vérifient : c’est détrempé. On ne sait pas vraiment si c’est de l’escalade ou du canyoning qu’on va faire, ni même si on va arriver au sommet, au vu des conditions….
Les nuages s’épaississent et ne semblent pas avoir l’intention de nous accorder du répit. J’enfile ma doudoune (ouais ouais juillet…. c’te arnaque!) et on essaie de se motiver, mais honnêtement j’ai du mal à trouver les mots parce que, déjà en second ça fait pas rêver, mais alors grimper ça en tête…
Guillaume débute et en le regardant, ça n’a pas l’air si horrible. Je le vois tout de même s’accrocher à une dégaine pour passer le crux, qui consiste en une traversée sur dalle détrempée, et je me dis que si même lui il tire sur les dégaines (oui contrairement à moi, il a une éthique en grimpe), ben je suis pas rendue moi!
Quand vient mon tour, je flippe. Entre le gaz, la mise en jambe toujours catastrophique pour une première longueur et le rocher détrempé, ça fait un peu beaucoup pour mon petit mental. Heureusement, les pieds sont bons, et je tente tant bien que mal de me hisser un peu plus haut à chaque mouvement… Mais je galère, et même en étant en second de cordée, j’ai peur de “chuter” et de penduler… Mais je me motive en me parlant tout haut et en me disant “allez Elise”; ça fait un peu pathétique dit comme ça, et les gars qui étaient en bas de la voie à me regarder grimper comme une otarie qui fait un rétablo ont dû se demander quelle demeurée je pouvais être (ça les a découragé : on ne les a pas revus!) mais j’arrive au relai, totalement détrempée et les mains pleines de boue.
Chaque longueur est très courte afin d’éviter les tirages, et il n’y a que 4 longueurs… ça va être plus vite plié que l’approche, cette histoire !
Les deuxième et troisième longueur sont cela dit très jolies et variées. Il y a de beaux dièdres bien raides qui, par temps sec, doivent être très sympa à grimper. En version douche écossaise, ça passe aussi cela dit, moyennant pour ma part 1-2 tirages de dégaines. Heureusement, il y a toujours des bonnes prises pour les pieds, ce qui permet de ne pas trop galérer niveau grimpe.
Je suis déçue d’arriver à la dernière longueur – c’est vraiment court, et le ratio approche/grimpe n’est pas le meilleur sur cette course… Paraît qu’on y vient surtout pour le cadre; là aussi, on n’a pas choisi le meilleur jour, car le brouillard est toujours présent ! Et dire qu’on avait choisi cette course pour profiter de la vue…
Mais je suis tout de même super heureuse d’être là avec Guillaume, c’est ce genre de course plaisir qui me redonne confiance et c’est l’essentiel.
On arrive à la croix au sommet, et on a une chance inouïe d’avoir un dégagement niveau brouillard l’espace de quelques minutes pour admirer une partie du panorama, dont le Lac du Louché en contrebas.
Pause Rivella – Balisto, avant de redescendre avec 4 rappels.
Au pied de la voie, on décide de tenter un autre chemin de descente histoire de faire une boucle; on file donc droit devant en suivant la crête (j’arrête pas de dire à Guillaume “t’es sûr que c’est par là? Faut pas descendre là à un moment donné?”); Guillaume finit par descendre dru dans le pentu, c’est gras, c’est des pentes d’herbes, c’est pète-cheville mais c’est un bon entraînement pour avoir le pied sûr… Cela dit, je pense que ce n’est clairement pas l’itinéraire le plus rapide ! Un coup d’œil en arrière pour revoir cette magnifique Maya, quel coin de paradis !
On arrive aux vélos après avoir croisé des marmottes et des tonnes de fleurs, et on s’arrête à Lovégno pour une bonne tarte aux abricots.
Merci Guillaume pour l’idée, le lead, la grimpe-canoyning, les pentes herbeuses foireuses, et merci le Valais pour vos tartes aux abricots et vos panoramas sublimes. On reviendra (avec le soleil!)
Topo / Cotations D 5b>5b I P1 E3
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