Rochers de Naye – Couloir central
Voilà un moment que cette face nord des Rochers de Naye était sur notre liste! Déjà parce que cette montagne n’est pas loin de la maison, que c’est un coin que j’adore et que Jérome a eu la super idée de l’équiper! On avait fait une bien belle course hivernale chez sa voisine la Dent de Jaman il y a un petit moment. Mais les Rochers de Naye se laissaient désirer; on s’est pris un but cet hiver, en venant au pied de la face un jour de redoux et on s’est dit qu’on reviendrait quand ce serait en conditions.
On ne croyait pas si bien dire… Parce que niveau conditions, on a été gâtés comme rarement!
Tout commence par le train à crémaillère dont le prix du billet siffle la moitié de votre deuxième pilier. On se retrouve avec des dizaines de touristes et une cordée de braves optimistes qui veut aller à Jaman (braves, parce que cette dent a l’air toute sèche et au soleil…). On s’arrête à la station la Perche, on met les crampons et on débute la courte mais neigeuse approche, à l’ombre. Heureusement, un type a eu la bonne idée de venir la veille et les traces sont déjà faites, c’est ça d’économisé! Cela dit, les pas sont ceux de quelqu’un de clairement plus grand que moi, et c’est pas Guillaume qui va réduire la distance de chaque enjambée, donc je suis obligée de tracer moi aussi un peu dans cette neige qui arrive aux genoux.
Ça chauffe les cuissots, je ruisselle sous ma veste et j’ai déjà le cheveux collant. Toujours être à son avantage en montagne.
Toujours passer la corde…
Je rejoins Guillaume vers un sapin équipé d’une cordelette. La face se dresse face à nous et les conditions ont l’air optimales. Guillaume part pour la première longueur, qui débute par un petit ressaut de rochers et se poursuit avec une pente neigeuse plus facile.
Sauf que l’une des cordes a un nœud, et je gueule à Guillaume de s’arrêter, mais il ne m’entend pas. il tire sur la corde, je dois me désencorder, je jure comme un charretier, je gueule encore un peu, et Guillaume rejoint le relais. Je me réencorde, je me maudis en me disant que ça m’apprendra à ne pas passer les deux cordes. Une cordée qui était dans l’approche me rejoint. Je m’excuse auprès du type – David – qui a bien dû se marrer en m’entendant gueuler (ainsi que tous les touristes qui se prennent en selfie au sommet des Rochers de Naye).
Je m’élance et le petit ressaut me cueille à froid; j’ai fait pas mal de glace cet hiver mais les mottes et le mixte c’est quand même un autre exercice… Heureusement, la voie est bien équipée (merci Jérôme, manque plus que le bar à rivella au relais et on est parfait!) et il y a des spits dans les passages techniques.
Je rejoins Guillaume au relais, la deuxième longueur a l’air superbe : il s’agit d’une sorte de goulotte bien en glace, je sens qu’on va se régaler! Guillaume s’élance et je le rejoins. David, qui arrive au relais, lance des “mais c’est magnifique” à tour de bras et il a bien raison : c’est vraiment magnifique et on a un énorme plaisir d’être là, pas loin de la maison, dans de si belles conditions ! Les rochers sont plâtrés, l’ambiance est superbe. La glace est fine mais accroche bien et je rejoins Guillaume sans trop d’encombre pour la troisième longueur.
Elise-le-boulet : la corde bloquée
Il file devant, et la corde que j’avais mis en boule à mes pieds file sous mes pieds… J’essaie de la ravaler mais elle semble bloquée quelques mètres plus bas. Quel boulet je suis. Heureusement, Guillaume arrive tout de même au relais suivant et David remporte le titre officiel de décoinceur providentiel de corde. Comme quoi, c’est bien aussi d’avoir du monde derrière soi des fois!
La longueur suivante, la quatrième, est plus technique. Elle alterne entre mottes gelées et rochers relativement raides. Guillaume me lance d’ailleurs un prémonitoire “c’est toujours plus raide une fois qu’on est dedans” et c’est vrai.
Je galère un peu, j’ai vraiment l’impression d’être gauche et l’itinéraire n’est pas évident. J’ai toujours de la peine à poser mes crampons sur le rocher et à me dire que ça va tenir… David, qui a commencé à grimper derrière moi, me donne quelques conseils et j’apprécie le coaching. Et bon comme il y a deux personnes derrière moi, je ne peux pas trop gueuler et je tente de prendre sur moi tant bien que mal ;-). J’arrive au relais et forcément, j’ai une débattue qui m’empêche de manipuler la corde et me vaut donc le titre de boulet de la journée, sous les acclamations de Guillaume.
Je le rejoins pour la dernière longueur, qui est toute facile. Je profite du panorama, parce que je sais que l’hiver est bientôt derrière. Je me dis qu’on a une sacrée chance de pouvoir profiter de journées comme ça. Je le rejoins, moyennant une mini désescalade parce que la corde s’est coincée dans un petit sapin – le seul d’ailleurs de tout ce couloir central – sinon ce serait pas drôle.
Je rejoins Guillaume au sommet; le contraste est saisissant: sur l’autre versant, skieurs et installations s’invitent dans un soleil radieux et brisent l’atmosphère austère et sauvage de cette si belle face Nord.
Je suis heureuse d’y être arrivée, sans trop gueuler. On file prendre le train qui nous ramène à la voiture, un coup d’œil à Jaman et à la cordée de 2 qui ne bénéfice clairement pas des mêmes conditions que ce que nous avons eues!
Un coup d’œil en arrière pour voir cette belle face et la ligne faite aujourd’hui avant de se prendre une bonne petite planchette et une rasade de Rivella. Clairement : on y reviendra!
Merci Jérôme pour tout ce super job!
Cotations et Topo
Cotations 😀 I P1+ M4
Topo complet et récit sur le site de Heylum
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