Traversée de la Couronne de Bréona
Voilà un moment que nous avions bloqué 2 jours avec Guillaume pour aller en montagne. La météo pour le samedi est vraiment pourrie, nous décidons de faire donc une course à la journée le vendredi. Avec la contrainte d’un départ relativement tard, puisque nous devons d’abord apporter notre garçon à ses grands-parents.
On se décide donc pour la traversée de la couronne de Bréona. J’en n’avais pas entendu parlé avant que Jérome me la propose ; mais comme c’est une course que je pourrais faire avec Guillaume, on avait convenu avec Jérôme de faire autre chose (en l’occurrence la voie Darbellay, sur la dalle de l’Aumône).
Après une nuit presque aussi pourrie qu’en cabane (pour cause de chat insomniaque et de fiston qui tombe du lit…), on part à 7h30 pour aller jusqu’au lac de Moiry.
Je me rappelle avoir été impressionnée, lors de nos débuts en rando il y a 8 ans, par ce glacier de Moiry qui fonce dans le lac.
3 cordées partent dès que nous arrivons au parking ; ça refroidit bien Guillaume, mais on les laisse passer devant et je pense que cette petite foule se diluera une fois sur l’arête.
Il y a 2heures d’approche. On en met 2h30, car :
- dès que je commence à marcher, j’ai l’impression d’avoir 8kg sous chaque pied
- je suis fatiguée
- je me plains
- on se plante royalement pour l’approche
Et oui ; au lieu de traverser la moraine, on (ndlr : je dis « on » par solidatrité envers mon couple) décide de monter d’avantage pour couper plus haut. Sauf qu’il nous faut redescendre et traverser la moraine avec des passages assez raides. Et puis ensuite on tire trop à droite, on se retrouve dans des pentes herbeuses bien pentues elles aussi.
Mais on arrive finalement au col, les autres cordées sont déjà parties. C’était pas plus mal de trainer à l’approche, on n’aura pas besoin de faire le petit train avec les autres cordées. Je suis contente d’arriver au col ; j’aime pas les approches et j’ai hâte d’enfiler mon baudrier et de commencer à grimper !
La première longueur débute dans une cheminée facile ; Guillaume part en tête avec une aisance désormais déconcertante. Le cadre est fabuleux : le Weisshorn se dresse derrière la cabane de Moiry, on surplombe le glacier de Moiry imposant et bien crevassé, et on voit la plupart des 4000 de la couronne impériale. En plus il fait super bon. C’est vraiment un bonheur d’être là (pis bon, au pire, si on explose l’horaire, on a toujours les frontales dans nos sacs !)
Je rejoins Guillaume et nous arrivons rapidement au premier sommet après avoir regagné une sente. De là la vue est démente et on aperçoit une autre cordée, sur le sommet principale. On voit la traversée qui s’offre à nous, le cadre est sauvage et on a hâte d’avancer ! On enchaîne donc avec 4 rappels ; je suis contente, je me suis bien améliorée et on va désormais assez vite dans ces manipulations qui pourraient vite nous faire perdre du temps. On rattrape d’ailleurs deux cordées qui finissent les rappels.
La suite de la traversée, pour rejoindre le sommet principal, est aérienne et très variée. Parfois elle consiste en une désescalade facile, parfois en des traversées bien aériennes mais toujours bien protégeables, parfois on rejoint des sentes. Tout ceci fait qu’on avance bien. Guillaume m’impressionne ; il est hyper à l’aise, trouve facilement l’itinéraire et grimpe hyper bien. Un vrai petit guide. Les nuages s’invitent et donnent une ambiance de fou. C’est vraiment beau. Je m’arrête tous les 3 mètres pour prendre des photos… On a l’impression de toucher le ciel.
On voit le sommet principal, qu’on rejoint avec une super jolie longueur de grimpe. Ça reste facile, mais c’est super agréable à grimper.
De là, on admire le paysage et le chemin parcouru.
On doit ensuite continuer sur l’arête pour arriver à la fin des difficultés, au col de Bréona. Le cheminest encore long ; mais avec l’interminable descente du Bietschhorn, je me suis un peu améliorée et on file vers le col.
On fait de bonnes pauses tout de même pour ne pas coller les cordées de devant. Il y en a une qui n’est pas rapide, faut dire. Elle s’assure dans chaque petit pas de désescalade et la femme n’arrête pas de sermoner le pauvre type de sa cordée qui essaie tant bien que mal d’avancer. Le pauvre.
On arrive au col et de là 2 possibilités : remonter vers le Tsaté et aller jusqu’au col du Tsaté pour rejoindre le chemin qui va vers la voiture ou alors « couper » directement dans la moraine pour rejoindre le col (ce que font les 2 cordées de devant).
On décide de remonter vers le Tsaté, et au lieu de suivre l’arête depuis le sommet et d’aller jusqu’au col, on fait les blaireaux et on descend dru dans le pentu depuis le sommet. C’est dans des éboulis et des gros blocs de pierres et c’est tout sauf agréable. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, hein !
On rejoint bientôt le chemin qui descend jusqu’à la voiture. Il est 17h et les couleurs sont encore plus belles en cette fin de journée. On sent que l’automne est proche. On arrive vers un petit lac dans lequel se reflète le glacier de Moiry. C’est si beau. Il n’y a plus personne, on a la montagne pour nous, réchauffés par les timides rayons de soleil de septembre. Je laisse Guillaume filer devant et j’apprécie chaque moment, chaque panorama.
On conclut cette journée par une petite raclette au feu de bois à Grimentz.
Une belle, très belle journée. En amoureux. Avec une approche fastidieuse, mais qui en valait la peine. Merci à mon Guillaume, merci à mes beaux-parents pour le baby-sitting, vive Bréona et vive la raclette au feu de bois !
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