Traversée des Perrons de Vallorcine
Voilà des semaines que l’on repousse sans arrêt nos courses… Les week-ends pluvieux s’enchaînent et même si les premières grasses matinées ont un goût de reviens-y, mes mollets me font gentiment comprendre qu’ils aimeraient bien se bouger un peu !
On en vient même à douter de notre saison d’été et on se dit qu’à ce rythme-là, on va finir rempli de cholestérol, à aller manger des glaces dégoulinantes au bord du lac, en trainant nos savattes. Et puis Eric débarque, nous propose de faire une course à la journée. Il y a une petite fenêtre météo. Moi, j’adorerais faire une course de rocher (à la journée en plus, imaginez mon bonheur : pas de nuit en cabane. Le rêve !), mais avec le paquet de neige tombé cet hiver, j’ai de gros doutes… Eric nous dit qu’il doit y avoir quelques possibilités. Il nous propose la traversée des Perrons, vers les aiguilles rouges.
Ça a l’air beau, et en plus je ne connais pas du tout la région. Départ donc le lendemain matin avec Guillaume et Eric. Mes mollets engourdis, mon corps rempli de cholestérol et moi-même redoutons un peu cette première course, il faut dire que ma dernière sortie remonte à 2 mois !
Départ du barrage à 8h. Le petit sentier s’estompe rapidement, et il nous faut monter « dru dans le pentu » comme dirait l’autre ! J’enjambe des rhododendrons, je me prends les pieds dans les racines, je dégouline (ah quelle brillante idée de partir avec ma softshell…) et je respire comme un bovin.
Niveau glamour, je ne suis pas au top donc. Mais j’avance, lentement et sûrement… c’est l’essentiel ! Je me réjouis d’être au pied de l’arête et de pouvoir faire autre chose que de poser un pied devant l’autre. On gagne de l’altitude, puisque désormais il nous faut marcher sur la neige. Les crampons restent dans le sac, ça passe très bien sans. On arrive devant une première petite longueur, on s’encorde et Eric part en tête. J’essaie de le suivre, mais je galère ; je n’ai plus grimpé depuis un moment et le rocher est détrempé… aïe aïe aïe, j’espère que ça ne sera pas tout le temps comme ça. Eric nous rassure et nous dit que pour la suite, le rocher doit être sec. Les choses sérieuses commencent, et on attaque cette arête. Il y a plusieurs sommets et elle n’a pas l’air toute courte, mais le panorama est déjà sublime ! On aperçoit le barrage en-bas, et on se rend compte du chemin parcouru !
Un groupe de genevois nous précède, ils sont 6 ou 7 et ont une bonne heure d’avance. De les voir au loin donne une impression encore plus grande d’immensité ; ils ressemblent à des fourmis, c’est assez surréaliste.
Les passages en escalade sont souvent faciles. J’ai par contre emporté mes bâtons et souvent ils se coincent dans la roche. Quelle idée de prendre des bâtons pour une course de rochers, oui je sais…
Je ne vois pas le temps passer, et malgré quelques belles montées de stress dans les passages aériens (ben oui, faut se refaire à l’habitude), on avance tranquillement. Guillaume galère des fois derrière moi, à devoir suivre mon rythme (enfin, mon non-rythme plutôt). L’escalade à 3, c’est jamais idéal…
Le rocher est souvent bon, mais il faut parfois le tester… J’avais cru comprendre que le dernier sommet était celui qui se méritait. Effectivement, il y a quelques pas en 5, et avec mes grosses chaussures, je manque un peu de finesse mais j’y arrive. Quelques passages à descendre en rappel, moi je préfère me faire mouliner par Eric, et malgré mes vieux démons qui me rappellent ma mésaventure au Zinalrothorn, tout se passe sans souci ! Nous arrivons au sommet, fiers de nous !
Ca fait quand même presque 8h qu’on a quitté la voiture… Nous sommes seuls au sommet, seuls au monde un peu, les Genevois redescendent, et il n’y a personne derrière nous. Nous n’avons pas explosé l’horaire en plus !
Nous désescaladons la suite du rocher et décidons de descendre droit devant, dans la neige. Eric m’apprend à « rütscher », à faire un peu du ski dans la neige mais sans ski. Ça avance vite et bien, bien plus sympa que de redescendre en plein été dans la caillasse j’imagine !
Nous rejoignons le petit sentier et le barrage… un coup d’œil en arrière ; j’adore faire ça : regarder où nous étions il y a quelques heures et se rendre compte du chemin parcouru.
Une bien belle journée qui en annonce d’autres !
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