Traversée Gros Van > Mont d’Or
jolie petite course d’arête du côté des Mosses, en partant du Gros Van pour rejoindre, un kilomètre plus loin, le Mont d’Or.
Hé bien ! Quelle aventure que ce printemps nous a réservé… Un semi-confinement, de gros challenges, réograniser sa vie du jour au lendemain, s’inventer prof d’école (et se dire que ceux qui font ce métier devraient être canonisés), et évidemment des plans en montagne chamboulés. Rien évidemment comparé aux conséquences que d’autres ont et vont subir, évidemment.
Quoiqu’il en soit, le retour à l’école du fiston nous laisse un petit créneau pour une course en montagne. L’idée est de faire quelque-chose de pas long/dur/loin, et j’avoue que cette sainte trinité de critères me va bien, je dis vive les reprises en douceur !
Guillaume, infatigable brainstormer, me propose une petite course d’arête vers les Mosses. ça tombe bien: j’adore cet endroit ! Il y a un côté Préalpes avec les collines verdoyantes et vallonnées, et le côté haute montagne du Valais avec les pics rocheux. Ce doux mélange donne à ce coin un charme unique.
On se parque un peu en-dessus des Mosses, histoire d’éviter des dénivelés supplémentaires (faut pas déconner non plus), et on attaque l’approche par la dalle de Sonna qui doit nous mener au Gros Van. Cette approche est assez technique et engagée.
Ca grimpe assez vite, on se retrouve dans des pentes herbeuses raides – je déteste ça, puis sur des sortes de dalles qui ne m’inspirent pas confiance, quand je regarde le vide sidéral sous mes pieds. Je demande à Guillaume de sortir la corde, parce que j’ai pas franchement envie de laisser ma peau ici.
On s’encorde donc, ça me rassure un peu, et on crapahute cette dalle (pas équipée… ) pour rejoindre le sommet du Gros Van, sorte de colline verdoyante qui invite à la pause Rivella.
De là, on contemple l’arête de 1km qui nous mènera au Mont d’Or. Je ne m’attendais pas à si joli, je dois dire, et je suis ravie d’être là avec Guillaume, ça change des 2 derniers mois qui ont été une suite infinie de dimanches à la maison.
La première partie est toute facile, ça s’aparente à de la randonné qui suit le fil de l’arête dans une ambiance assez grandiose. Contrairement aux autres arêtes parcourues (l’Arête Vierge ou même les Verraux), ça déroule plus vite ici, c’est clairement moins technique et c’est agréable aussi de ne pas se mettre au taquet et de pouvoir avancer en toute confiance.
A mi-chemin, les difficultés apparaissent. On suit le fil de l’arête qui devient un peu plus technique, avec quelques rochers et mouvements de grimpe. Ça devient plus expo, avec du vide de chaque côté et quelques descentes / désescalades dans un terrain un peu péteux… Sans compter que cette arête est très peu équipée – on a comptabilisé 2 spits, clairement pas placés aux endroits les plus expo (on est bien contents d’avoir pris des friends!)
La dernière partie sous le Mont d’Or est sympa; Guillaume choisit (comme d’hab) l’itinéraire le plus grimpant, il y a même un joli pas qui teste votre souplesse et vous fait passer pour Jean-Claude Van Damme. Par contre, il faut bien tester les prises sur toute la course, je crois que toutes les pierres fourbes du Canton se sont donné rendez-vous sur cette arête, et un gros morceau me reste dans la main et me file une bonne frayeur.
Après moins de 2 heures, nous atteignons le sommet. Nous sommes seuls, il fait beau, et nous faisons péter le Rivella pour fêter dignement cette première sortie !
Le retour à la voiture nous inquiète un peu… On a 2 options : redescendre par la voie normale, de l’autre côté, qui va à la Pierre du Moëlle et ensuite se taper 7 kilomètres (!) de route jusqu’à la voiture… (ça nous fait moyennement rêver) ou tenter notre chance en descendant un couloir qui nous amènera droit à notre point de départ. On hésite franchement, car apparemment le couloir n’est pas facile à trouver, et si on a notre piolet, on a laissé les crampons au garage… Or il y a l’air d’avoir pas mal de neige… et ça a l’air raide.
Après quelques réflexions, on rassemble notre courage et on s’engoufre dans un couloir qui n’a pas l’air trop foireux. C’est effectivement pas évident de voir par où descendre et on se dit qu’on devra peut-être remonter (au vu des récits de courses, nous ne serions pas les premiers!)… Il faut prendre la petite sente du sommet et le premier couloir (dit comme ça, ça a l’air évident… en vrai c’est autre chose!). C’est raide, on sort les bâtons. C’est un peu péteux, des petits cailloux, des tracés de chamois… je ne suis pas à l’aise… mais on continue petit à petit. On peut, dans un premier temps, contourner le névé en restant sur la partie de terre bien raide. On voit des chamois qui passent sur la neige avec une aisance déconcertante (les ingrats ! Mais filez-moi vos sabots!) On dégaine nos piolets et on descend prudemment sur la neige. Elle est molle et accroche, c’est une chance.
Lorsque c’est moins pentu, on se met sur les fesses et on descend en mode toboggan, ça raffraîchit et ça nous fait gagner de précieux mètres. On se désencorde, on traverse la forêt, on regagne le sentier et la voiture.
Une petite course d’arête toute facile, esthétique, pas fréquentée. Dans un superbe cadre. Alors clairement, pour certains elle s’apparentera plus à une randonnée et pourra engendrer quelques frustrations. Mais pour une course de reprise, moi je l’ai trouvée parfaite ! Si on ouvre l’oeil, on y croise même JCVD, c’est dire !
Infos et topo
Topo : https://www.camptocamp.org/routes/58079/fr/gros-van-par-la-dalle-de-sonna-petit-van-gros-van
(bon ce topo me paraît assez incomplet. Voire faux. le dénivelé des difficultés de 1m me laisse dubitative; c’était peut-être le coup du grand écart de JCVD?)
Cotations : PD+ 2>2 I P3
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